PascaleFournier

2020 = 40

40 comme la quarantaine, comme les 40 jours dans le désert, comme les 40 voleurs... 40 c’est le multiple. C’est beaucoup, c’est longtemps.

La croix, anthropomorphe, christique, abstraite dans sa géométrie, grégaire par accumulation.

On retrouve dans cette oeuvre des thèmes qui me sont chers :  à la fois la volonté de réunir, de rassembler, et la sensation d’être reliés les uns aux autres, ligaturés. Il en découle un sentiment de solidarité.

Ici je montre les croix-modules une à une dans leur individualité.

Œuvre née de cette année 2020. Je travaille actuellement à l'élaboration d’une œuvre composée d’ éléments, croix-modules, attachées les unes aux autres. Un conglomérat de croix.  Une montagne de croix.

Je souhaite avec cette œuvre participer à une exposition collective qui montre les œuvres nées de cette difficile et souvent terrible année.

Journal de bord ... Une croix par jour

1,2,3,4,5,6,7,8……40

Quarante jours et quarante nuits. It rained forty days and it rained forty nights comme dans la chanson de Louis Armstrong.
J’ai remis l’imprimante 3 D en marche le 9 mars. Le ronron obsédant et le bruit du compresseur. Plus les jours passent et plus ça me vrille la tête, comme la menace du COVID 19 sur nos têtes. Impossible de ne pas y penser. J’enchaîne des croix et des croix ; ca ressemble à un cimetière militaire. Ce n’est pas mon propos.
Mais plutôt créer des modules, tous identiques et tous différents et les assembler.
C’est vrai finalement l’artiste raconte toujours la même histoire, écrit le même livre…..
Pour l’heure j’ai de l’avance sur la quarantaine : j’en suis au numero 25.

Le nouveau monde de Charlotte PERRIAND

Le nouveau monde de Charlotte PERRIAND à la Fondation LVMH : Proposition d’une synthèse des Arts avec Le Corbusier, Pierre Jeanneret, Picasso, Fernand Léger, Hartung.... Formes utiles, art brut directement inspiré de la nature et de ses courbes. Outre l’Art d’habiter, son oeuvre nous invite à repenser le rôle de l’art dans nos vies.

Jusqu’au XVII e siècles il n’y a pas de pièces dédiées. Toutes les pièces ont la même surface ; servent de chambre avec des lits fermés que l’on monte le soir, de salle à manger où l’on dresse la table, de salle où l’on reçoit. Pas de tout à l’égout, pas de chauffage, pas d’eau courante, pas d’électricité : on peut s’installer partout. Quand on part en voyage on emporte ses meubles. J’aime ce nomadisme, ces espaces modulables, multifonctionnels qui appellent le mouvement, la vie en commun.
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Réouverture du Musée d’Art Moderne après travaux. Hans HARTUNG : La Fabrique du Geste. A ne pas manquer. Les espaces vastes et clairs entrent en résonance avec les toiles. Puissant, construit et libre. Spontané et ordonné. La couleur des fonds est infiniment lumineuses, les noirs sont sans limites. Ce sont des toiles avec lesquelles on aimerait vivre sans se lasser.

Vie et travail

Et toujours un seul lieu réunissant vie et travail. Comme au théâtre : unité de lieu, unité de temps, unité d’action.
Je retrouve la même disposition, les mêmes meubles laqués blancs, mais l’espace s’est considérablement dilaté. Gulliver au pays des Lilliput. Alice au Pays des merveilles.
Nous pouvons considérer que l'oeuvre en cours en ce moment c’est l’Atelier : s’approprier la lumière et l’espace du point 8FW58N53+JR.

Chassy ferme-château, au nom gallo-romain : chez Cassius
En U face au soleil couchant. Les journées y sont plus longues.

Jeudi 14 novembre
Temps pluvieux, 1°, de la boue partout. Les travaux de terrassement continuent.
Les radiateurs sont branchés depuis ce matin dans la mezzanine.
Vendredi 15 novembre
Il a neigé ce matin.
15 h je traverse la cour sous la pluie avec mon cartable (bureau volant depuis des mois) , mon ordi, l’aspi, des chiffons, un café, une bouteille d’eau…..
18 h 27 la sono est branchée : Lana del Rey Ultraviolence. Demain cartons
Samedi 16 novembre : 9 h. Une douce chaleur et une belle lumière m’accueillent.
Les rangements continuent. Les piles de cartons semblent intarissables. Je jette, j’archive, je classe
Mardi 19 novembre : les plans de travail, les tréteaux sont arrivés ce matin et demain les sièges de bureau. Ca y est. C’est fait.

Je descend dans ma tenue de cosmonaute m’attaquer à l’aménagement du grand Atelier vaste espace isolé mais non chauffé. C’est une autre histoire. En avant c’est parti !

Déménagement

20 septembre 2019 est un grand jour. Á Chassy depuis hier. Au petit matin arrivée des camions de déménagement et arrivée des huisseries du Portugal. La journée sera rude. Le déchargement est rapide et méthodique. Dès le lendemain les fenêtres et les portes se montent avec une surprenante rapidité.

Vendredi retour sur place. Les huisseries ont été posées. Malgré un problème avec l’arc d’une des portes qui laisse un jour de 10 cm, on peut considérer cette phase du chantier terminée. C’est une étape décisive.

Occuper l’espace : l’Atelier

Atelier : lieu organisé, fonctionnel, ordonné, outillé. Chaque situation doit se résoudre avec efficacité, chaque geste trouver son outil “à portée de main”
Les travaux ont pris du retard. Nous arrivons dans un espace ouvert à tous les vents ; mon bureau parait tout petit, pas de meubles de rangement, pas d’étagères.
Des cartons et des caisses.

L’arrivée des enfants balaye tout état d’âme ; en un instant ils ont investi l’espace-atelier converti en espace de jeux idéal, en vélodrome de rêve. On y fait des tentes, de la bicyclette, de la patinette ; on y campe, on y joue, on y pique-nique quand il pleut et même quand il ne pleut pas.
C’est aussi le dépaysement pour mes sculptures qui regardent tout cela avec étonnement.

Déménagement des ateliers

Déménagement des ateliers, du bureau, des meubles rangements, des bibliothèques, des fours, du piano. Que dire d’un déménagement ? Démonter le décor et aller planter sa tente ailleurs ? Plutôt occuper autrement l’ espace . Voir les choses sous un angle nouveau. Dans le cas présent aller vers un espace beaucoup plus grand, même si rien n’est prêt. Au dernier moment, non les meubles de rangement ne rentrent pas dans le camion. Comme les huisseries ne sont pas posées, un mois de retard je sais c’est normal, je ne m’en préoccupe pas outre mesure. Avanti. On démarre.
Les montagnes de bois, de poutres et de planches que nous avons sur place serviront aux étagères et plans de travail.

En une semaine nous avons poncé 42 poutres ! Les conditions de travail sont optimales : sous couvert et à l’air libre. Les enfants eux aussi occupent l’espace voient les choses sous un autre angle et à leur manière!

Troisième été à Chassy

De retour à Paris pour du travail. Il fait 42 °. Accablée de chaleur je rêve du bruit des vagues et de mer bleue. Arroser le jardin tout à l’heure. Comme la fraîcheur, la terre mouillée fait remonter en moi le souvenir de mon enfance, l’odeur qui me réveillait à l’aube et le bruit du tuyau sur le gravier. La mer sentait la pastèque. Nous cueillions des figues au retour de la plage.
Surtout demain arriver tôt à Chassy et aller me plonger dans la rivière glacée. La tête sous l’eau qui fait mal, retrouver mes contours.

Les sculptures calcinées

Ce soir il neige. J’écris de ma chambre près de l’unique poële.

Etre confrontée au passé ? Je préfère regarder devant !

Alors aller de l’avant en se ré-appropriant le passé.

On lit dans les contes et légendes que le héros pour mériter l’amour de la princesse, doit traverser une forêt obscure et pleine de dangers. Il ne peut prendre un autre chemin. C’est le chemin initiatique.

Les monstres se promènent librement dans l’atelier : je suis en bonne compagnie ; je dois choisir ce que j’emporte et ce qui reste

Les sculptures calcinées. Alignées comme des soldats. Pleines de poussière.

Réalisées en 2008. Patinées au feu. Je me souviens que j’essayais de capturer les noirs du charbon et les si volatils et si subtils gris et blancs de la cendre. A cette époque je brûlais tout. Fascinée par ces couleurs en noir et blancs infinis. C’est une image assez dramatique de la vie. Je regardais fascinée la Corse brûler cet été là. Je savais que ce n’était pas un chemin où m’attarder trop longtemps . Ici nous avons une photo des citrons brûlés.

Musée des Avelines

Mon futur espace de travail par ses dimensions et son organisation, permet de travailler, de collaborer et partager avec d’autres artistes tout en préservant mon espace de travail personnel.

Ces échanges je les trouve aussi au cours de mes résidences d’artiste.

Je répond également à des projets collaboratifs dans le cadre d'appels à candidature - récemment pour une résidence de Recherche et Création du CRAFT ; thème proposé : tissage porcelaine : l'impression 3D et tissages.

J’aime aussi travailler avec les enfants, les petits amis du musée des Avelines, participer aux ateliers d’enfants ou leur ouvrir les portes de mon atelier. Réaliser des sculptures avec eux et leur montrant les différentes étapes du travail. Mon souhait est de pouvoir continuer cela à Chassy.

Atelier

Il fait nuit de plus en plus tôt. Le soleil se couche derrière une autre colline. Les travaux de l’atelier continuent à la lumière des projecteurs. J’entend quand même ma chouette. Surtout vivre chaque jour, chaque étape, ne pas être impatiente. Le chemin est long mais riche, plein d’énergies, d’enseignements et de découvertes. Incontournable.

C’est un chemin initiatique